Une fois par mois, la Feuille de Match vous permet de retourner dans le temps, et de découvrir l’incroyable épopée d’un club de football. Pour cette première édition, direction l’Ecosse, et l’incroyable saison du Celtic Glasgow, notamment sa victoire dans ce qui deviendra plus tard la Ligue des Champions.
La saison 1966/1967 restera à jamais dans gravée dans l’histoire du Celtic Glasgow. The Bhoys démarrent la saison avec le légendaire manager Jock Stein à leur tête, manager qui marquera à jamais l’histoire du club. Avec un jeu se rapprochant du football total, très porté sur l’attaque et le style offensif, permet aux Hoops de se hisser jusqu’aux sommets pour ce qui restera la plus belle saison de l’histoire du club. Un championnat d’Ecosse globalement dominé, qui se solde par un titre de champion pour le Celtic, avec 3 points d’avance sur les rivaux de toujours, les Rangers (qu’ils battront en championnat au Celtic Park, 2-0, avant de les tenir en échec lors du match retour à l’Ibrox Park 2-2). Seulement 2 défaites en championnat, pour 26 victoires en 34 rencontres, et un deuxième titre consécutif pour les joueurs de Stein. Stevie Chalmers, l’attaquant de l’époque, est sacré meilleur buteur du championnat avec 21 unités, et le Celtic lancera par la même occasion une série de 9 titres consécutifs en Scottish Premiership, entre 1966 et 1974.
Une épopée européenne légendaire
Forts de leurs succès et de leur style de jeu révolutionnaire, les joueurs du Celtic vont également se distinguer en Coupe d’Europe. La Coupe des Clubs Champions, pour sa 12e édition, verra les joueurs du Celtic se démarquer par des résultats impressionnants dès le début de la compétition.
Une première victoire d’abord, au premier tour de la compétition, face au FC Zurich. Une victoire convaincante 2-0 au match aller, grâce à des buts de Tommy Gemmel et Joe McBride, au Celtic Park, puis une victoire clinquante 3-0 à l’extérieur, signée d’un doublé de Gemmel et un but de Stevie Chalmers, au Stade du Letzigrund annoncent la couleur : cette saison, les Verts et Blancs sont prêts à tout rafler.
Le deuxième tour verra les écossais affronter le FC Nantes, qui avait terminé champion de France avec la meilleure défense (36 buts encaissés) et meilleure attaque (84 pions marqués) de son championnat. Les écossais ne feront pourtant pas dans le détail : une victoire 3 buts à 1 au Stade Marcel-Saupin (actuel stade de la réserve du FC Nantes) avec des buts de McBride, Bobby Lennox et Chalmers, puis une victoire sur le même score au Celtic Park par des buts de Jimmy Johnstone, Lennox et Chalmers. Un très large 6-2 au score cumulé, et les Bhoys sont prêts pour les quarts de finale de la compétition.
Arrivent enfin les choses sérieuses. Les quarts de finales approchent à grand pas, et le Celtic ira disputer le match aller en Serbie, face au FK Vojvodina (club de la ville de Novi Sad). Les écossais perdront la rencontre disputée à l’extérieur sur le score de 1-0, ce qui signera leur première défaite dans la compétition.
Mais le manager Jock Stein a de la ressource. L’équipe est remotivée et désormais prête à faire le nécessaire pour le match retour, cette fois disputé dans leur antre du Celtic Park. 69 374 personnes présentes, et une victoire 2-0 des Hoops grâce à des buts de Gemmel et McNeill leur permet d’accéder aux demi-finales de la Coupe Européenne des Clubs Champions.
Dans le dernier carré de la compétition, le Celtic affrontera le Dukla Prague, tombeur de l’Ajax au tour précédent. Pour le match aller, au Celtic Park, 74 406 supporters sont présents dans le stade. Une victoire 3-1, un doublé pour William Wallace et un but de Johnstone, et le Celtic prend une très nette option pour la finale. Un match nul 0-0 au match retour validera leur ticket, déjà composté en Ecosse. Direction Lisbonne, pour marquer l’histoire.
Les Lisbon Lions à jamais dans l’histoire
The Bhoys ont l’occasion de devenir le premier club britannique à remporter le plus prestigieux trophée européen. Avec le triplé national (championnat – coupe d’écosse – coupe de la ligue), le club a l’occasion de réaliser une saison historique. Jock Stein a confiance en ses joueurs, mais le Celtic arrive à l’Estadio Nacional de Lisbonne avec l’étiquette d’outsider, face à un Inter Milan évidemment favori après ses victoires en 1964 et 1965 dans la compétition, et sa finale disputée en 1966, qu’ils perdent face au Real Madrid.
Cette confrontation est également celle des styles, puisque l’Inter Milan pratique un très efficace catenaccio (littéralement “verrou”, en italien), un style ultra-défensif, basé sur un bloc bas et la contre-attaque rapide. Très disciplinés en défense, les italiens se présentent à Lisbonne avec une équipe en confiance, qui se voit déjà soulever sa troisième Coupe Européenne des Clubs Champions.

Chose très rare de nos jours, l’équipe de l’Inter Milan est composée à 100% d’Italiens, allant du manager aux 11 soldats présents sur la pelouse. Même constat pour le Celtic, avec Jock Stein, qui aligne onze écossais, lui même étant de cette nationalité. 56 000 spectateurs présents à Lisbonne, des milliers de supporters écossais ont fait le déplacement, et l’arbitre allemand Kurt Tschenscher donne le coup d’envoi de cette rencontre pour l’histoire.
La rencontre débute pourtant très mal. 7e minute de jeu, le latéral droit du Celtic Jim Craig commet une faute dans la surface de réparation sur Renato Cappellini. L’arbitre n’hésite pas une seule seconde et siffle pénalty. Alessandro Mazzola s’élance et le transforme, 1-0 pour l’Inter Milan. Après ce but, le catenaccio se met en place, et les italiens “garent le bus” devant leur but. Les chiffres ne trompent pas : aucun corner obtenu par les italiens de toute la rencontre, seulement 2 occasions, contre 39 frappes des Hoops durant toute la rencontre. 13 arrêts du gardien Intériste Giuliano Sarti, 7 frappes détournées. Rien que ça.
A force de pousser, les écossais réussiront à égaliser par l’intermédiaire de Tommy Gemmell, bien servi par Jim Craig. 63e minute, un partout. La rencontre est relancée, et le Celtic peut de nouveau rêver. The Bhoys vont pousser, jusqu’à réussir l’exploit.
83e minute. Gemmell exploite le peu d’espaces laissés par la défense italienne, et sert Bobby Murdoch. L’écossais frappe, le ballon est détournée par Stevie Chalmers… Et finit au fond. Les joueurs exultent, 2-1 pour le Celtic, à 5 minutes de la fin du temps réglementaire. Nouveau but pour Stevie Chalmers, qui porte son total à 5 pions dans la compétition. Quelques minutes plus tard, l’arbitre siffle la fin de la rencontre, qui sacrera cette équipe historique du Celtic, qui remportera sa seule et unique Coupe Européenne des Clubs Champions, désormais appelée Ligue des Champions.

Cette saison 1966 / 1967, qui demeure toujours la plus belle de l’histoire de l’équipe du Celtic Glasgow, leur a permis d’entrer dans la légende, pour l’éternité.
Hugo Kucharski