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Avant l’Euro, l’imbroglio autour des barrages

Les phases de qualifications pour l’Euro 2020 sont dorénavant terminées. Vingt pays sur les 24 requis ont validé leur présence à travers cette voie traditionnelle. Quatre places restent cependant à distribuer. Pour cela ce sont les résultats en Ligue des nations qui définissent les affiches des barrages. Mais entre les différentes divisions qu’offre cette dernière et les équipes déjà qualifiées, difficile de s’y retrouver.

Dès la mise en place de la ligue des nations, les dirigeants de l’UEFA ont été clairs. Il y aura un billet pour l’Euro distribué à une équipe de chaque division. Pour rappel : cette compétition a initialement réparti toutes les formations européennes sur quatre niveaux en fonction du classement FIFA. Maintenant que 20 billets ont été accordés en suivant une phase de poule “classique”, les quatres tickets promis par la plus haute instance du football européen attendent toujours preneurs. Dans cette optique, des barrages auront lieu au mois de mars. Ils verront s’affronter les quatres meilleurs non qualifiés de chaque division lors de demi-finales et d’une finale à l’issue de laquelle le vainqueur validera sa présence lors du tournoi estival. Mais les étages les plus faibles de la Ligue des nations ne comportent que très peu de participants officialisés pour l’Euro. A l’opposé, la ligue A voit presque tous ses membres sélectionnés. Qui participera donc à ces barrages ?

Peu de doutes dans les ligues B et D

Au sein de ces deux divisions, les barragistes s’affichent assez facilement. Dans la ligue B, seules la Bosnie, la Slovaquie, l’Irlande et l’Irlande du Nord n’ont pas obtenu leur sésame. Pour définir les affiches des barrages, l’UEFA a utilisé le nombre de points inscrits lors de ce dernier championnat. Ainsi, la Bosnie, victorieuse de son groupe avec 10 points et promue en ligue A, affrontera une Irlande du Nord qui n’a pas marqué un seul point. Pendant ce temps, la Slovaquie se retrouvera face à l’Irlande.

La ligue D offre une configuration différente. Étant composée à l’origine des plus modestes équipes européennes, elle voit tous ses membres éliminés à l’issue de la phase de qualification pour l’Euro. Pour autant, tout n’est pas perdu pour les vainqueurs de chaque groupe. Ainsi, la Géorgie, la Macédoine du Nord, le Kosovo et la Biélorussie peuvent tous espérer disputer la première phase finale d’une compétition internationale de leur histoire. Les affiches mettront aux prises les Géorgiens face aux Biélorusses et les Macédoniens face aux Kosovars. A l’issue des barrages, la formation vainqueur pourra remercier le nouveau fonctionnement d’attribution des places de l’UEFA, allant donc à l’opposé de certains acteurs du football européen. Ces derniers jugeaient le nouveau championnat mis en place comme peu utile. C’est le cas de Lovren qui a déclaré fin 2018 que “la Ligue des Nations est une compétition ridicule. Il n’y a aucun intérêt à jouer ces matchs. Ce n’est pas une véritable compétition qu’il faut gagner. Vous pouvez appeler ces matchs comme vous voulez, mais le fait est qu’il s’agit de matchs amicaux”.

Le casse-tête des ligues A et C

Les tickets des deux ligues restantes voient leur attribution plus difficile à comprendre. Pour la ligue C la logique de base reste en partie appliquée. Les quatre vainqueurs de groupes de cette division sont sélectionnés pour les barrages. Or, parmi celles-là, la Finlande s’est qualifiée par la voie “standard”. L’Ecosse, la Norvège et la Serbie seront, quant à elles, au rendez-vous. Mais une place reste à prendre. Elle se jouera au tirage au sort entre les seconds de cette division, à savoir la Bulgarie, l’Israël, la Hongrie et la Roumanie. Les trois pays perdants à l’issue de ce jeu de hasard ne seront pas éliminées pour autant.

En effet, dans la ligue A une seule équipe n’a pas encore validé sa participation à l’Euro, l’Islande. Il reste donc trois places en demi-finales à attribuer. Les membres de la ligue B ont déjà leur calendrier officialisé et que les vainqueurs de la division C aussi. Ce sont alors les trois formations n’ayant pas eu le sort en leur faveur qui seront sélectionnées pour les barrages de ligue A. 

En attendant, que toutes ces rencontres soient disputés, tous les joueurs ont rejoints leur clubs respectifs. Et ce jusqu’au 26 mars, date à laquelle les dernières places au côté des favoris français, anglais ou belges seront misent en jeu.

Jérémy Guiraud

Avant l’Euro, l’imbroglio autour des barrages

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Pour la France, déjà qualifiée pour l’Euro 2020, l’objectif était la victoire, synonyme de première place du groupe. Pas de place à l’erreur pour le traquenard contre l’Albanie donc, qui avait déjà fait ses preuves lors du dernier euro. Et pour s’assurer la victoire, notre bon DD a innové, lui qui tient pourtant tant à son fétiche 4-2-3-1. Le résultat est là, 2-0 pour les Bleus.

La composition des Bleus

Mandanda, fidèle second de Hugo Lloris pendant de longues années, profite de la blessure du capitaine pour être titularisé, à juste titre au vue de ses performances avec l’Olympique de Marseille.

Du reste, on note de nombreux changements tactiques. L’ossature ne change pas drastiquement avec deux milieux récupérateurs et relayeurs complets (Sissoko et Tolisso) ainsi que Griezmann en 10. Deschamps fait comme toujours graviter l’équipe autour du néo-barcelonais. Néanmoins, la composition affiche tout de même de sacrés changements. Une charnière à trois (Kimpembe, Varane et Lenglet) où les trois protagonistes ne connaissent, ni au Barça, ni au Réal ni au PSG ce schéma ou encore une attaque à deux pointes Ben Yedder – Giroud. Pour finir, les latéraux Dubois et Ben Mendy se sont retrouvés propulser aux postes de pistons aux rendements très intéressants et équilibrés. Pour rappel, la rédac de La Feuille de Match avait déjà suggéré le 3-5-2, alors que Deschamps remaniait constamment son célèbre 4-2-3-1. A bon entendeur DD…

Les notes de la rédaction

Mandanda : 7. Efficace sans avoir trop de travail. La note c’est pour la forme.

Varane : 8. En mode patron, Varane n’a pas laissé d’espace et à l’instar de ses coéquipiers, il s’est bien adapté à cette charnière à trois.

Lenglet : 7. Dans l’axe, le barcelonais n’a pas eu plus de travail que ses compères. Il ne sait pas laissé allé pour autant.

Kimpembe : 8. Fidèle à ses performances actuelles au PSG, « Presko » s’est installé en mode buffle dans la défense française au point d’effrayer Manaj, littéralement.

Dubois : 8. Passeur décisif sur le but de Griezmann et très utile en défense, le lyonnais a fait l’essui glace pendant 88 minutes. Chapeau.

Sissoko : 6. Moyen, Sissoko n’était pas inspiré. Il s’est contenté du nécessaire. Il aurait été intéressant de voir Guendouzi pointer le bout de son nez…

Tolisso : 8. Un but de la tête, synonyme de la palette technique du munichois.

Mendy : 5. Pas franchement inspiré, le « Shark » à subi le contrecoup de son manque de jeu sous Guardiola et s’est montré parfois en détresse en défense.

Griezmann : 9 (en vrai 10 c’était pas immérité). Bon dans les déplacements sans ballon et toujours dans le bon tempo balle aux pieds, Grizou a été l’auteur d’une passe dé et d’un but du pied droit.

Giroud – Ben Yedder : 5. Individuellement, les deux ont été bons mais ensemble… Hormis une superbe louche de l’ancien toulousain pour Giroud les deux joueurs se sont peu trouvés et même peu cherchés. Vers un tandem d’attaque Giroud – Mbappé ? Alléchant.

Franche réussite ?

Malgré les notes de la rédaction, difficile aujourd’hui d’évaluer la performance des Bleus sur la durée. Face à l’Albanie, les Bleus ont été solides défensivement et offensivement mais à l’heure où Eden Hazard souhaite prendre sa revanche sur les hommes de Raphaël Varane, est ce que ce changement tactique est judicieux ? La réponse pourrait bien être oui. Face à l’Albanie, Griezmann a été étincelant, auteur d’un but et d’une passe dé et surtout toujours dans les temps. La charnière s’est vite adaptée et a été solide, bien soutenue par Dubois et Mendy qui couvrait tant les ailes que les rares phases défensives, où les champions du monde ressemblaient à un 5-3-2. Le milieu a été solide avec un Sissoko impliqué et un Tolisso buteur mais pas que… Ainsi il n’est pas difficile d’imaginer Mbappé prendre la place de Ben Yedder et de revoir la charnière Pogba – Kanté au milieu. Et quand bien même vous n’étiez pas convaincu par Mendy, Lucas Hernandez est pressenti pour faire son retour à l’Euro 2020. Alors… convaincu ?

Jules Arguel

Albanie – France : le remaniement technique des bleus

L’équipe-type des talents gâchés du football (partie II)

Un talent gâché est un joueur qui n’a pas réalisé la carrière que son talent lui prédestinait.

Le foot est un milieu cruel, ou le talent pur ne suffit pas. Les joueurs doivent travailler, s’entraîner, gérer leur image et faire les bons choix tout au long de leur carrière. Certains se sont brûlé les ailes, d’autres ont été victimes de graves blessures à répétition, quand quelques-uns ont fait des choix de carrière douteux. 

Voici la suite du XI publié la semaine dernière.

Andreï Archavine

Andreï Archavine débute sa carrière au Zénith Saint-Pétersbourg où il fait ses classes et se révèle à la face du monde. Le milieu offensif (mais aussi ailier) remporte un championnat de Russie en 2007, une coupe UEFA en 2008 mais surtout atteint les demi-finales de l’Euro 2008 avec la sélection russe. Il se classe même à la sixième place du Ballon d’or en 2008 ! Remarqué par Arsenal, il y signe en janvier 2009. Ambitieux, il s’illustre dès ses premiers matchs. Il claque un quadruplé contre Liverpool. Est élu homme du match lors d’un huitième de finale retour de Ligue des champions contre Porto. Arsenal l’emporte 5-0, Archavine est impliqué sur 4 buts. Puis le néant. Seulement utilisé par Arsène Wenger comme joker de luxe il quitte finalement Arsenal dans l’oubli en 2013. N’arrivant pas à retrouver son niveau d’antan il cire le banc du Zenith puis est envoyé à Krasnodar à l’été 2015 où il ne joue que 9 matchs. Il termine sa carrière en novembre 2018 après une dernière aventure au Kazakhstan. La pépite n’aura jamais réussi à confirmer loin de ses terres.

Bojan Krkić

Bojan compile tous les maux d’un joueur aux ailes brisées : syndrome de la comparaison, grave blessure, dépassé par la pression du haut niveau. Pur produit de la Masia, il bat tous les records de précocité avec le FC Barcelone à partir de ses débuts en 2007. Plus jeune Blaugrana à participer à un match de Ligue des champions, plus jeune buteur de Liga, plus jeune Barcelonais à atteindre les 100 matchs, plus jeune sélectionné avec l’équipe d’Espagne. Rapide, technique et agile, il est alors marqué au fer rouge du titre de « nouveau Messi ». En plus de cette pression supplémentaire, Bojan est victime de fortes crises d’anxiétés, il est allé trop haut, trop vite, il n’a même pas 18 ans. Après 2 saisons à regarder dans les yeux les Ronaldinho, Iniesta, Henry, Messi, il ne s’impose plus comme titulaire depuis que son anxiété le domine, il côtoie de plus en plus souvent le banc. Ecarté par Guardiola, il signe pour l’AS Roma en 2011 puis est prêté en 2012 à l’AC Milan. Deux énormes échecs, l’ombre de Messi plane sur lui, il souffre bien trop de la comparaison. Les projecteurs ne sont plus braqués sur lui au moment où il signe à l’Ajax puis à Stoke City où il évolue de 2014 à 2019 (avec deux prêts à Mayence et Alavès). En Angleterre il retrouve un bon niveau mais subit une rupture des ligaments croisés. Le sort s’acharne. Aujourd’hui à l’Impact Montréal, le « nouveau Messi » n’aura jamais pu exprimer son plein potentiel, rendu muet par l’ombre dévorante qui planait au-dessus de ses frêles épaules.

Hatem Ben Arfa

« Hatem, c’était Messi. Je l’ai vu faire des choses incroyables, mais il n’a pas fait les bons choix de carrière ». En quelques mots Karim Benzema résume la carrière de son ancien coéquipier à Lyon et en équipe de France espoirs. À l’heure du bilan, et hormis Benzema, la génération terrible de 1987 (Ben Arfa, Ménez, Nasri) est un énorme gâchis de talent. Hatem en est le cas le plus grave. Révélé à l’OL entre 2004 et 2008 il signe ensuite à Marseille après un bras de fer avec la direction lyonnaise. Puis à Newcastle après deux ans à l’OM. Après des débuts prometteurs, Nigel De Jong lui brise la jambe, double fracture du tibia péroné. Son retour après 6 mois d’absence vire au cauchemar, il est envoyé à Hull City en 2014 puis passe une année blanche lors de la saison 2014-2015. Le manque de professionnalisme du prodige franco-tunisien est pointé du doigt : fainéant, mal conseillé, ingrat, individualiste. Tout autant que son indéniable talent : dribbleur hors pair, explosif, très fin techniquement grâce à son pied gauche soyeux, une conduite de balle exceptionnelle, capable de créer comme de finir les actions. « Quel gâchis de talent pur… C’est criminel. » déclare Steve Bruce (coach d’Hull City) en 2015. Lors de la saison 2015-2016, l’enfant terrible revient en Ligue 1, à l’OGC Nice, il réalise une saison exceptionnelle (18 buts en 37 matchs) et émerveille tous les observateurs. Malheureusement l’espoir se meurt aussitôt. Hatem signe au PSG et, en froid avec l’entraîneur Unaï Emery, fait de la figuration. À 32 ans aujourd’hui et après une saison correcte à Rennes, Ben Arfa est désormais sans club. Son gâchis est à la hauteur de son talent, monstrueux. 

Alexandre Pato

La jeune pépite brésilienne débarque au Milan AC en août 2007. En provenance du SC Internacional avec lequel il s’est illustré notamment lors de la coupe du monde des clubs 2006. Suite à des problèmes de contrat il ne joue son premier match qu’en janvier 2008. Jouant au côté de son idole Ronaldo « Il fenomeno » et de ses compatriotes Kaká, Cafu et Ronaldinho, il se fait vite remarquer et la presse italienne s’enflamme. Très rapide, létal en un contre un, agile et bon de la tête, il réalise en 2008/2009 sa saison la plus prolifique (18 buts en 42 matchs). Dans la peau d’un titulaire indiscutable à l’aube de l’exercice 2009-2010, il empile les blessures et pépins physiques qui l’écartent peu à peu du onze et le privent même d’une sélection avec le Brésil pour la coupe du monde 2010. Le golden boy 2009 continue de côtoyer l’infirmerie et perd son statut d’idole de San Siro. Ses retours sont éclipsés par les performances du nouveau fer de lance milanais, un certain Zlatan Ibrahimovic. Excédés par ses blessures, les dirigeants lombards envoient Pato au Corinthians en janvier 2013. En 6 ans il joue pour 5 clubs différents sans jamais vraiment s’imposer. Après un passage en Chine convaincant, mais pas à la hauteur de son talent, Pato évolue aujourd’hui au Brésil au Sao Paulo FC. À 30 ans, sa carrière est derrière lui, bien loin de ses folles jeunes années milanaises.

Michael Owen

Michael Owen est l’exemple de la précocité. Avec Liverpool, son club de coeur, il est sacré meilleur buteur de Premier League pour ses deux premières saisons complètes, magique. Il remporte avec les Reds deux League Cup, une FA Cup, un Community Shield et une coupe de l’UEFA, fantastique. Il est élu plus jeune Ballon d’or de l’histoire en 2001, historique. Petit et frêle, le gamin d’Anfield régale par sa vitesse, son goût de la profondeur, sa technique et son sens du but. À la surprise générale en 2004, le « boy wonder » est le nouveau galactique du Real Madrid, le club de ses rêves. Mais barré par la concurrence il se contente d’un rôle de joker. En 2005, Newcastle casse sa tirelire pour attirer « Magic Michael ». Désireux de se relancer, Owen promet de nombreux buts. Malheureusement son corps l’abandonne et ses blessures à répétition ne lui permettent pas de s’imposer chez les magpies en 4 saisons. Entre 2009 et 2012 il joue pour Manchester United où il récupère le 7 de Ronaldo. Il ne laissera pas la même trace que les illustres numéros 7 qui lui ont précédé (52 matchs pour 17 buts en 3 saisons). Il termine sa carrière dans l’anonymat à Stoke City à seulement 32 ans. L’allégorie d’un génie, trahi par son corps, a qui il à manqué ce soupçon de chance.

Adriano

L’étoile filante brésilienne, un joueur éclatant mais à la carrière fulgurante. Lors de l’été 2001 le jeune Adriano débarque à l’Inter Milan en provenance de Flamengo. Directement prêté à la Fiorentina puis à Parme. Il se met très vite l’Italie dans la poche grâce à ses 24 buts en 37 matchs avec le club sicilien. Ce colosse supersonique, doté d’un pied gauche précis, une technique au-dessus de la moyenne et surtout d’une frappe chirurgicale. Il est très vite comparé à Ronaldo le Brésilien. L’Inter le rapatrie dès l’hiver 2003-2004. Le natif de Rio ne perd pas de temps pour mettre tout le monde d’accord. Zlatan dira de ce dernier qu’il est le joueur le plus impressionnant avec lequel il a joué : « He was an animal ». Mais tel un animal Adriano est instable et imprévisible. La mort de son père l’a détruit et cela se ressent sur le terrain. À partir de 2006 la chute commence. Sortie nocturne, alcoolisme, entraînements passés à l’infirmerie et dépression ne riment pas avec performance et carrière durable. Entre 2007 et 2012 il alterne entre retours au pays, belles promesses, retour en Europe, désillusions. « L’imperatore » comme il est appelé en Italie est monté très haut. Sa palette offensive paraissait illimitée, un joueur potentiellement plus complet que R9. Mais voilà, les frasques et la vie extra sportive mouvementée ont éclipsé les accélérations foudroyantes et les feintes de corps dévastatrices pour laisser un génie fragile et perdu, loin des titres et du succès. 

Eliot Poudensan

L’équipe-type des talents gâchés du football (partie II)

L’équipe-type des talents gâchés du football #1

Un talent gâché est un joueur qui n’a pas réalisé la carrière que son talent lui prédestinait.

Le foot est un milieu cruel, ou le talent pur ne suffit pas. Les joueurs doivent travailler, s’entraîner, gérer leur image et faire les bons choix tout au long de leur carrière. Certains se sont brûlé les ailes, d’autres ont été victimes de graves blessures à répétition, quand quelques-uns ont fait des choix de carrière douteux.

Je vais tenter d’établir un onze des talents gâchés du football mondial. Bien évidemment la liste ne peut être exhaustive. La liste des carrières brisées est longue, surtout chez les attaquants. Ce poste est celui qui est le plus mis en lumière et où il est plus facile d’éclabousser son talent car les performances sont mesurables et plus tangibles. Les attaquants font gagner des matchs tandis que les défenseurs et gardien ne font pas perdre.

Gardien : Guillermo Ochoa

 Le portier mexicain, qui commence sa carrière au Club America en 2003, est un bon exemple de mauvais choix de carrière. Véritable idole en Amérique centrale suite à de très bonnes performances avec l’équipe nationale, il est impliqué dans une affaire de dopage qui fait scandale et qui va lui fermer les portes de grands clubs européens en 2011 alors que Manchester United ou encore le PSG étaient sur le dossier. Il signe finalement à l’AC Ajaccio où il se montre performant, sur l’année 2013 il réalise 146 arrêts et garde sa cage inviolée 12 matchs. Mais Memo Ochoa n’est pas fait pour jouer le maintien. Lors de la coupe du monde 2014 il illumine le match d’ouverture, face au Brésil, de parades et d‘arrêts réflexes. Il réalise une très bonne compétition et signe dans la foulée à Málaga où il ne jouera quasiment pas, puis Grenade, le Standard de Liège pour enfin retourner dans son club formateur au mercato estival 2019. Il n’aura donc jamais eu l’occasion de montrer ses capacités hors normes sur sa ligne dans un grand club.

Défense : Eliaquim Mangala

Le français, dans une période où l’équipe de France est en reconstruction entre 2010 et 2014, représente un espoir de taille. Performant avec le Standard de Liège où il inscrit le premier but de l’histoire du club en Ligue des champions, il explose au FC Porto entre 2011 et 2014. Il étoffe son palmarès, participe aux bons parcours européens du club portugais et se montre parfois même décisif. Il s’envole ensuite vers Manchester City pour 53,8M avec le titre de « défenseur le plus cher de l’histoire ». Pourtant solide et dur sur l’homme, Mangala ne s’impose pas en Premier League. Il déçoit, enchaîne les prêts et les blessures, ne s’impose pas en équipe de France. Aujourd’hui à Valence, il n’est pas indiscutable et d’espoir, il est devenu un joueur quelconque.

Holger Badstuber

Les débuts du jeune défenseur allemand sont tonitruants. Formé au Bayern Munich il gagne très vite la confiance du coach Louis Van Gaal lors de sa première saison en pro en 2009-2010. Titulaire en tant que défenseur central et parfois latéral, il s’illustre de par sa polyvalence, sa science du placement, sa puissance, un bon jeu de tête et tire même parfois les coups de pied arrêtés. Il a le profil parfait pour s’imposer durablement au Bayern et avec la Nationalmannschaft. Malheureusement la concurrence des nouvelles recrues mais surtout une rupture des ligaments croisés en 2012 stoppe en vol sa progression. Suite à une rechute il fait une année blanche. Ses retours sur les terrains se conjuguent toujours de blessures synonymes de longs mois d’absence. Aujourd’hui il joue pour le VfB Stuttgart, en seconde division allemande, la chute est vertigineuse.

Royston Drenthe

Le latéral gauche néerlandais surnommé « le Pitbull » de par sa hargne sur le terrain se révèle au Feyenoord Rotterdam entre 2005 et 2007, on compare son style de jeu tout en puissance à Edgard Davids. À l’été 2007, Drenthe est transféré au Real Madrid pour 14M, mais d’espoir, il se mue très vite en déception. Dépassé par son nouveau statut il ne s’adapte pas au professionnalisme de la Maison-Blanche. Mal entouré, flambeur et friand de la vie nocturne de la capitale, il enchaîne ensuite les prêts dans des clubs moins huppés tels qu’Everton ou encore Alicante. Le meilleur joueur de l’Euro U21 2007 est définitivement transféré en Russie au FK Alania Vladikavkaz à l’été 2012. L’Hollandais à l’unique sélection collectionne ensuite les passages éclairs et oubliables dans des clubs sans ambitions. Malgré plusieurs annonces de départ prématuré à la retraite il évolue aujourd’hui au Sparta Rotterdam. Le « Pitbull » n’aboie plus sur personne.

Milieu de terrain : Yoann Gourcuf

Le « nouveau Zidane » est un fardeau trop lourd à porter. Yoann Gourcuff en est le meilleur exemple. Dès ses 20 ans il quitte le Stade Rennais pour le grand Milan AC. Malgré des débuts prometteurs la concurrence des Pirlo, Seedorf et autres Kaká est trop rude pour le milieu offensif. Il est envoyé en prêt à Bordeaux durant l’été 2008. Touché par la grâce il va éclabousser la Ligue 1 de tout son talent. Mené par le prodige breton, Bordeaux fait tomber l’ogre lyonnais et remporte le championnat. Gourcuff marque 12 buts, dont un bijou contre le PSG, et délivre 8 passes décisives, il termine 20ème du Ballon d’or. « On le compare à Zidane mais on va le comparer encore un peu plus » déclare Grégoire Margotton après son but de génie contre le PSG en janvier 2009. Mais la réalité est tout autre. La saison suivante, transféré définitivement à Bordeaux, il commence à être régulièrement blessé. Puis vient l’accident industriel. À l’été 2010 Lyon débourse 22M d’euros (une somme conséquente pour la Ligue 1 de l’époque). Le « nouveau Zidane » ne joue que 128 matchs en 5 saisons. Moqué par le public pour sa fragilité physique et mentale il ne relèvera jamais la pente. Après un passage quelconque à Rennes puis un autre fiasco à Dijon il résilie son contrat d’un commun accord avec le club et annonce sa retraite à 33 ans. Frustrant.

La suite la semaine prochaine…

Eliot Poudensan

L’équipe-type des talents gâchés du football #1

Les sites de paris sportifs misent gros sur le sponsoring

Depuis une décennie, les opérateurs de paris sportifs ont petit à petit envahit la scène du football européen. A tel point que se font rares désormais les clubs ne possédant pas un opérateur de paris sportifs en tant que partenaire ou sponsor dans les grands championnats en Europe. Comment se sont-ils développés durant ces dernières années, et pourquoi ces derniers suscitent de plus en plus de polémiques notamment outre-Manche ? 

Lors de la fabuleuse saison 2006/2007 du Milan AC d’Andrea Pirlo qui vit le club rossoneri remporter sa septième Ligue des Champions, un détail a pu passer inaperçu aux yeux du grand public. En arborant « Bwin » sur son maillot, un an avant le Real Madrid, le club lombard fut le premier club européen à signer un contrat de sponsoring avec un opérateur de paris sportifs. Treize ans plus tard, cela semble anodin si bien que dix clubs de Premier League possèdent un opérateur de paris sportifs en tant que sponsor principal, et seulement trois des vingts clubs de l’élite anglaise ne disposent ni d’accord de sponsor ni de partenariat avec ce type d’opérateurs. 

Les opérateurs de paris sportifs en Ligue 1, une option de sponsoring encore peu développée

Bien que le marché des paris sportifs ait été ouvert à la concurrence en France en juin 2010, le premier opérateur à investir dans le sponsoring maillot d’un club français fut Betclic, par le biais d’un accord avec l’Olympique Lyonnais en 2009. 

Pour cette exercice 2019/2020, seuls deux clubs de l’élite (Lille avec Winamax et Montpellier avec PasionoBet) ont signé un contrat de sponsoring avec un opérateur de paris sportifs. PasinoBet est le dernier bookmaker en date à avoir été accepté par l’ARJEL (l’Autorité de Régulation des Jeux En Ligne) mais sa réputation reste assez faible auprès des parieurs. Ainsi, pour se développer et améliorer sa notoriété, la compagnie a décidé de conclure un accord de sponsoring maillot avec  Montpellier pour les cinq prochaines saisons. Un contrat qui devrait rapporter au club héraultais entre 250 000 et 850 000 euros par an. Les autres écuries ne sont pas en reste puisque l’opérateur Partouche est également présent du côté de Dijon, Metz et Toulouse, apparaissant sur les panneaux publicitaires des stades. De même pour ZEBet qui en possède du côté de Saint-Etienne ou encore Unibet avec le Paris Saint-Germain.  

Le marché des paris sportifs en Angleterre, ou l'art de la démesure

Si les opérateurs de paris sportifs se font rare sur les maillots des clubs de Ligue 1, ces derniers sont omniprésents outre-Manche, où le « betting » apparaît presque comme un mode de vie. En 2016, le British National Health Service (NHS) déclarait que plus d’un britannique sur deux jouaient à des jeux de paris sportifs ou hasard. Un chiffre qui a de quoi choquer mais qui n’est finalement pas si étonnant lorsque l’on sait que près de 8500 boutiques de paris sportifs ou jeux de hasard existent sur le territoire anglais. 

Pour cette saison 2019/2020, la moitié des clubs de Premier League ont signé un contrat avec un opérateur de paris sportifs. Seuls Brighton, Sheffield United et Southampton font figure d’exception. Ce phénomène touche également la Championship (2e division anglaise) où 17 des 24 équipes sont sponsorisées par un opérateur de ce genre. D’autant plus que ces derniers sont prêts à payer de plus en plus cher pour figurer sur les maillots des clubs du championnat de football le plus regardé au monde. En tout, les opérateurs de paris sportifs auraient déboursé 69 millions de livres cette saison, soit dix millions de livres de plus que la saison passée. 

Des bookmakers qui font polémique

Bien que le sponsoring maillot par des opérateurs de paris sportifs soit lucratif pour les clubs, il fait également polémique de par ses dangers d’addiction et d’isolement. De ce fait, des mesures ont été prises en Angleterre comme en Italie mais qui sont plus ou moins acceptées et appliquées par les différentes instances. Si l’Angleterre tend à reconnaître les dangers et à faire des progrès, les décisions prises de l’autre côté des Alpes sont la source de nombreux débats. 

En Angleterre, il semble que les différentes parties aient trouvé un terrain d’entente. Et ce sont les opérateurs de paris sportifs eux-mêmes qui ont pris la décision de leur plein gré de ne plus diffuser de spots publicitaires lors des rencontres sportives télévisées. En 2017, dans le même sens, la Fédération Anglaise de Football (FA) avait quant à elle décidé de ne plus engager d’opérateurs de paris sportifs comme partenaire, renonçant ainsi aux quatre millions de livres que leur proposaient Ladbrokes. De plus, la Fédération Anglaise n’autorise désormais plus les logos d’opérateurs de paris sportifs sur les maillots de foot réplica vendus aux mineurs. 

Des décisions qui font l’unanimité en Angleterre, ce qui n’est certainement pas le cas en Italie où la guerre entre le Premier Ministre Luigi Di Maio et les instances footballistiques transalpines est déclarée, en raison de la loi « Dignité », votée en juillet 2018. Cette loi contient un article visant à interdire les opérateurs de paris sportifs de sponsoriser une quelconque organisation sportive. Une mesure qui fait polémique alors que quinze des vingts clubs de Serie A possédait un partenariat avec un bookmaker lors de la saison 2018/2019. Cette mesure ne vise pas seulement les compagnies de paris sportifs mais également les diffuseurs TV puisque ces derniers ne pourront plus diffuser de spots publicitaires de paris sportifs lors des pages de publicité durant les rencontres sportives. Pour le moment, les clubs de l’élite italienne ont obtenu une dérogation, mais la plupart d’entre eux comptent bien braver l’interdiction en raison du faible montant de l’amende (20% du montant du contrat, plafonnée à 50 000 euros). 

Les opérateurs de paris sportifs se développent ainsi de plus en plus en Europe, l’Angleterre étant incontestablement au premier rang. Si le sponsoring maillot des opérateurs se fait encore rare en France, il ne fait aucun doute que cette méthode va se développer dans les prochaines années au vu du potentiel non seulement pour les opérateurs et pour les clubs. 

Hugo Martin

Les sites de paris sportifs misent gros sur le sponsoring