Gladbach-Bayern : un résultat décisif pour le titre ?
On joue depuis 92 minutes hier au Borussia-Park, quand sur une nouvelle offensive lancée par les locaux, Javi Martinez fauche Marcus Thuram dans la surface bavaroise. Auteur du but de l’égalisation plus tôt dans le match, Ramy Bensebaini prend ses responsabilités, et trompe Manuel Neuer pour offrir un succès de prestige au Borussia Mönchengladbach, face au septuple tenant du titre en Bundesliga.
Un résultat qui était peu envisageable à l’issue d’une première mi-temps complètement dominée par le Bayern Munich. Mais comme trop souvent ces dernières saisons, le Rekordmeister s’est montré incapable de proposer une prestation aboutie sur l’intégralité de la rencontre. Retour sur un match qui s’avèrera peut-être décisif dans la course au titre.
La 1ère mi-temps : un Bayern concquérant, un Gladbach hésitant
C’est un Marco Rose confiant qui vient saluer le banc du Bayern à quelques secondes du coup d’envoi. L’air de rappeler aux visiteurs qui est l’actuel patron du championnat, Gladbach comptant quatre longueurs d’avance sur eux avant le début de la rencontre.
Et pourtant, les hommes de Marco Rose peinent à perturber leur adversaire du jour lors des 45 premières minutes. Ses quelques circuits de relance depuis l’arrière rapidement obstrués par le pressing bavarois, Gladbach ne parvient pas à poser le pied sur le ballon. Les Munichois, eux, récitent leurs gammes, grâce à un gegenpressing particulièrement efficace. Le léger changement tactique opéré par Hansi Flick suite à la sortie de Tolisso sur blessure (repositionnement de Müller au milieu en raison de l’entrée de Perisic) ne bouleverse rien : le Bayern a la mainmise sur le match.
Les rares frissons qui parcourent l’échine des supporters munichois, causés par les difficultés de Jérôme Boateng dans son duel face à Marcus Thuram, sont vite effacés par la capacité des coéquipiers du champion du monde allemand à trouver de la verticalité dans leur jeu de passes. Après un début de match hésitant, à l’image d’ailleurs de son début de saison, Thiago Alcantara semble progressivement retrouver des couleurs, et ses excellentes orientations de jeu font mal à des Poulains chahutés, mais concernés.
Car le Bayern a beau dominer, le score reste nul et vierge. Ni Thomas Müller, ni Robert Lewandowski ne parviennent à trouver le fond des filets, et le douloureux souvenir de la défaite du week-end dernier face au Bayer Leverkusen, malgré les nombreuses occasions bavaroises, fait son nid dans l’esprit des joueurs. Une fois encore, le Rekordmeister se montre inefficace sur ses temps forts.

La 2ème mi-temps : la révolte des Poulains, face à un Rekordmeister démuni
Le résumé de la seconde période pourrait tenir en une courte phrase dans la bouche d’un supporter munichois : le Bayern a marqué, puis le Bayern s’est écroulé. En effet, l’ouverture du score d’Ivan Perisic n’a clairement pas eu l’effet escompté par Hansi Flick et son staff, tant leurs joueurs ont déjoué à compter de ce but.
Tout le contraire d’une équipe de Gladbach qui, piquée au vif, est enfin parvenue à exprimer son potentiel, avec un bloc positionné beaucoup plus haut sur le terrain. Surtout, on a retrouvé l’intensité qui faisait la force des Poulains depuis le début de la saison. C’était désormais au tour du Bayern de ne plus parvenir à ressortir proprement les ballons, tant le pressing à la perte imposé par les joueurs de Marco Rose était impérial. Ce dernier, voyant que son équipe avait pris le dessus, a ingénieusement fait rentrer un attaquant, Breel Embolo, à la place d’un milieu, Laszlo Benes, apportant ainsi davantage de présence dans la surface bavaroise. C’est d’ailleurs le nouvel entrant qui obtient le corner amenant le but de l’égalisation, inscrit par Ramy Bensebaini.
Si les Poulains ont eu le mérite de ne pas baisser les bras, malgré une première période délicate, leur succès est en partie lié aux carences affichées par leurs adversaires au fil de la rencontre. Le champion d’Allemagne a en effet donné l’impression de se reposer sur ses lauriers suite à l’ouverture du score, n’imprimant plus le même rythme qu’en début de match.
Hansi Flick peut se plaindre de performances individuelles calamiteuses, à l’image d’un Leon Goretzka de nouveau transparent au milieu, ou d’un Kingsley Coman qui n’en finit plus de stagner depuis deux saisons maintenant. Il n’en reste pas moins que les supporters munichois auraient tort de se cacher derrière ce genre d’excuses, tant la prestation collective de leur équipe après l’ouverture du score a été indigne de son statut de septuple tenant du titre.
Le tournant de la saison ?
S’il est encore trop tôt pour affirmer que le Bayern a perdu le titre sur ce match, l’écart s’est clairement creusé au classement : Gladbach compte désormais sept longueurs d’avance sur son adversaire du week-end, qui pointe à une inquiétante septième place de Bundesliga.
On se souvient cependant de la situation de l’an passé où, alors que le Borussia Dortmund avait distancé le Bayern Munich, les hommes de Niko Kovac avaient finalement déjoué les pronostics pour préserver leur couronne. La problématique est la suivante : le Rekordmeister ne fait plus face qu’à un seul concurrent, mais bien à deux. En effet, le RB Leipzig de Julian Nagelsmann se présente également comme un prétendant au titre à ne pas prendre à la légère. Les fans du football allemand sont ainsi peut-être sur le point d’assister à une saison historique, qui mettrait à mal l’hégémonie des Bavarois sur la Bundesliga, et qui verrait le retour en grâce du Borussia Mönchengladbach.
A condition bien sûr que les Poulains continuent de galoper en tête jusqu’à la 34ème journée.
Paul Stefani