Premier League

Pourquoi la Premier League est si attractive ?

Le championnat anglais est réputé pour son niveau de jeu très élevé. La lutte pour le sacre y est acharnée. Tout fan de foot qui se respecte ne peut que prendre du plaisir face aux joutes anglaises du week-end. Mais quelles sont les raisons du succès de la Premier League, de sa pérennité au plus haut niveau et de ses spécificités comparé aux autres grands championnats ?

Les équipes

La Premier League est sans conteste le championnat où le fossé entre les équipes est le moins profond. On parle de « Big Six » en désignant les six favoris à la victoire finale en championnat. Comme l’observe José Mourinho, il n’y a pas vraiment de nette domination d’une seule équipe à l’image d’un PSG, Juventus ou Bayern dans leurs championnats respectifs. Même si il y a des tendances sur trois ou quatre ans. Aucun match n’est joué d’avance et chaque rencontre est une véritable bataille. Une équipe de bas de tableau a toutes ses chances contre une équipe qui joue les premiers rôles. Le trophée de Premier League a ainsi plus de valeur que ceux des championnats pliés en mars. Certaines équipes réservent aussi parfois de belles surprises. À l’image du sacre aussi inattendu que spectaculaire en 2015-2016 de Leicester.

La culture foot

David Beckham disait, à propos des anglais : « We have a lot of passion ; football is something which runs through our veins » (“nous avons beaucoup de passions, le football coule dans nos veines”). En effet l’engouement pour le sport qu’ils ont inventé se répercute sur l’attractivité du championnat d’outre Manche. Les stades sont immenses, avec une capacité moyenne de 37000 places. Le taux de remplissage y est élevé ce qui permet une ambiance toujours au beau fixe. Ces facteurs attirent les investisseurs. Les droits télés s’élèvent à plus de trois milliards d’euros répartis entre les 20 clubs. Ceci permet de dépenser des sommes colossale sur le marché des transferts, attirer des tops joueurs et donc rehausser le niveau sportif. Le championnat britannique propose aussi un grand nombre de derbys, ce qui augment le niveau d’implication d’un supporter. De plus la tradition oblige la tenue du « boxing day » : un jour de match le 26 décembre pendant que les autres championnats sont en trêves hivernale. Généralement ce sont des derbys qui se tiennent pour éviter de trop longs déplacements aux joueurs. Cet événement représente la quintessence de la passion anglaise pour le ballon rond. 

Tout pour le jeu

Un aspect moins évident mais qui participe à rendre unique ce championnat : la volonté de faire ressentir au spectateur l’essence du jeu. Cela se traduit sur le terrain mais aussi par la retransmission télé. En effet, sur le terrain on remarque que l’arbitre s’efface le plus possible derrière le jeu. L’homme en noir est plus laxiste sur certaines fautes et ne donne pas de coup de sifflets quand la faute est incontestable, un simple signal verbal suffit. Les bords de terrains derrière les cages sont toujours épurés et pas pollués de publicités. Cela pour sublimer la beauté des actions, du but. L’habillage visuel doit être propre. En dehors des stades, c’est à la télé que les matchs anglais sont suivis. Les commentateurs, eux aussi, laissent la place au jeu. Ils ne tentent pas de meubler à tout prix et n’apportent que de courtes analyses et des éclairages. Ils laissent l’ambiance du stade faire le travail d’immersion. Le silence est d’or et les commentateurs préfèrent laisser le jeu s’exprimer. De plus la réalisation est épurée. Les plans larges sont favorisés pour une meilleur observation et analyse des actions pour les téléspectateurs. Cela va même jusqu’aux pelouses. Taillées pour favoriser un football rapide et offensif, ces billards sont aussi très agréables à regarder à l’écran. Tant de détails qui participent à l’immersion du spectateur, comme s’il était en tribune latérale.

Un peu de nuance

La Premier League est crédible pour le titre de meilleur championnat pour toutes les raisons évoquées mais elle contient aussi quelques faiblesses et points négatifs. La prolifération de buts s’explique aussi par la faiblesse des défenses. L’écart commence à se creuser entre les très grosses écuries et les équipes plus modestes. L’écart se traduit financièrement, dans le jeu, au niveau tactique et donc dans le niveau de suspens ou de qualité de la compétition. De l’argent un peu gaspillé sur certains transferts comme ceux de joueurs anglais trop souvent surcôtés. Une formation anglaise très faible et à revoir. Des clubs de légende en perdition. Et enfin les tarifs pour aller au stade ne cessent d’augmenter et cela peut avoir des retombées négatives sur l’affluence et l’ambiance des stades. Mais ces facteurs ne font qu’à peine ébréché le monument qu’est la Premier League dans le paysage footballistique.

Eliot Poudensan

Pourquoi la Premier League est si attractive ?

Sadio Mané, d’enfant fugueur à star du ballon rond

Au sommet du football mondial avec Liverpool, Sadio Mané est aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs attaquants de la planète. Mais enchaîner les buts et faire partie des favoris pour le Ballon d’Or était loin d’être une évidence pour celui qui a dû braver les interdits pour pratiquer sa passion. Retour sur son incroyable parcours.

Sadio Mané a vu le jour le 10 avril 1992 à Bambali, un petit village proche de la ville de Sédhiou, dans le sud du Sénégal. Fils d’imam, le jeune Sadio adore le foot plus que tout. Il passe son temps à l’extérieur, un ballon dans les pieds, et rêve comme beaucoup d’enfants à travers le monde de devenir un jour footballeur professionnel. Malheureusement pour lui, sa famille très religieuse n’est pas d’accord, préférant que le petit Sadio fasse des études comme il le racontera plus tard : « Je suis né dans un village où il n’y a jamais eu de footballeurs ayant participé aux grands championnats. Je me souviens que quand j’étais petit, mes parents pensaient que je devais étudier pour devenir professeur. Ils pensaient que le football était une perte de temps et que je n’y arriverai jamais. ». Bloqué par ses proches, l’attaquant des Reds va tout faire pour réaliser ses rêves. A 15 ans, il décide donc de fuguer, de tout quitter, pour aller à Dakar dans l’espoir de se faire repérer. Il sera finalement retrouvé par ses parents qui le feront revenir au village. Ces derniers prendront conscience que le football est bien plus qu’une passion pour leur fils et décideront de l’accompagner dans son projet. Le joueur avouera que « cette fugue a changé toute [sa] vie ». 

La suite s’écrira à M’bour, ville réputée pour son football au Sénégal. C’est là-bas que Mané va se présenter pour une détection, en 2009, et que son talent sera pour la première fois repéré malgré un équipement plus que rudimentaire : « Il y avait deux-trois cents jeunes qui attendaient en file pour tenter leur chance. Ça partait mal pour moi car quand je me suis présenté, on m’a un peu ri au nez. J’avais une culotte qui ne ressemblait en rien à un short de foot et mes chaussures étaient toutes déchirées sur le côté, réparées comme j’avais pu avec du fil. Ceux qui faisaient passer les tests me regardaient bizarrement. Comme je n’étais pas trop mal, j’ai été pris. C’était le début de mon aventure ». C’est durant un championnat de foot de quartier qu’il se fait repérer et il est rapidement aiguillé vers Génération Foot, l’un des nombreux clubs de Dakar. Là-bas, il passe des tests qui s’avèrent concluants : « Quand j’ai vu son toucher de balle, je me suis dit que c’était un bon joueur. Après deux jours de tests, j’ai dit : « celui-là, on le prend direct. » » raconte Abdou Diatta, recruteur pour Génération Foot. Ses qualités de percussion, de vitesse et de dribble finissent de convaincre tout le monde au club dakarois. Sur le côté de l’attaque comme aujourd’hui à Liverpool, il fait les beaux jours de Génération Foot et participe à la montée en deuxième division sénégalaise à l’issue de la saison 2010/2011. 

Le triplé le plus rapide de l'histoire de la Premier League

Mais il ne restera pas très longtemps dans le championnat national puisqu’à l’été 2011 il part en direction du FC Metz grâce à un partenariat entre les deux clubs. Il fait ses débuts professionnels le 14 janvier 2012 à la 75ème minute face à Bastia. Mais pour Mané, le début de l’aventure en Europe n’est pas tout rose chez les grenats. Il jouera 21 matchs sous le maillot messin et trouvera le chemin des filets qu’une seule fois. Il aurait alors caché à ses dirigeants une pubalgie qui le faisait souffrir pour continuer de jouer. Malgré ces débuts difficiles, il est suivi de près par le RB Salzbourg. Il va d’ailleurs faire ses valises pour le club autrichien en échange de 4 millions d’euros versés au FC Metz à l’été 2012. Cette saison est décidément charnière dans la carrière du natif de Bambali puisqu’il va aussi connaître ses premiers pas avec les Lions de la Teranga. Il débute face au Maroc alors entraîné par Éric Gerets et offre la passe décisive à Moussa Konaté pour le but de la victoire. A la rentrée, le jeune Sadio découvre alors l’Autriche à l’âge de 20 ans et c’est au RB Salzbourg qu’il va prendre son envol. Pour sa première saison, il plante 19 buts en 29 matchs toutes compétitions confondues. L’année suivante, il fait encore un carton et remporte cette fois le championnat et la Coupe d’Autriche inscrivant au passage 23 buts en 50 matchs toutes compétitions confondues. Ses performances font du bruit en Europe et notamment en Angleterre où Southampton lui fait les yeux doux. Il y est transféré à l’été 2014 contre un chèque d’environ 23 millions d’euros.  

Pour sa première saison avec les Saints, Mané inscrit 10 buts en 30 matchs de championnat dont un coup du chapeau face à Aston Villa lors de la 37ème journée. Il s’agit du hat-trick le plus rapide de l’histoire de la Premier League. Il aura suffi de seulement 2 minutes et 56 secondes à l’attaquant pour inscrire un triplé. La saison suivante, l’international sénégalais fait un peu mieux avec 11 buts en championnat et 15 réalisations toutes compétitions confondues, faisant de lui le meilleur marqueur de l’équipe sur la saison. Son talent attire l’intérêt des grosses écuries anglaises et c’est le Liverpool FC qui rafle la mise en échange de 41 millions d’euros. Il est alors le joueur africain le plus cher de l’histoire (aujourd’hui 6ème derrière Nicolas Pépé, Mahrez, Aubameyang, Naby Keita et Salah). Ses débuts avec les Reds sont plutôt bons. Il marque pour son premier match officiel sous ses nouvelles couleurs à Arsenal pour le compte de la 1ère journée. Il termine là aussi meilleur buteur de la saison avec son nouveau club avec 13 buts en 27 matchs. Sa deuxième saison du côté d’Anfield est moins fructueuse en Premier League avec 10 buts mais Mané en plantera aussi 10 en Ligue des Champions. Liverpool réalise un très beau parcours européen allant jusqu’en finale. Mais les Reds perdront face au grand Real Madrid qui fera la passe de 3. Un parcours où Mané s’est montré décisif, inscrivant notamment 1 but à l’aller comme au retour des demi-finales face à la Roma ainsi qu’en finale lors de la défaite 3 buts à 1 contre les Merengue. Durant l’été, le joueur de Liverpool se rend en Russie pour la Coupe du Monde avec les Lions de la Teranga dans une poule très équilibrée où sont présents la Colombie et le Japon. Le Sénégal échoue à se qualifier pour les huitièmes. Il termine à égalité de points avec la sélection nippone, même différence de buts, même nombre de buts marqués et encaissés. L’affrontement entre les deux équipes ayant donné un match nul, c’est le nombre de cartons jaunes qui vient les départager et les Sénégalais passent finalement à la trappe. 

Parmi les favoris pour le Ballon d'Or

La saison suivante est celle de la consécration pour Liverpool comme pour Sadio qui affole les compteurs. Il termine meilleur buteur en Premier League avec 22 réalisations à égalité avec son coéquipier Mohamed Salah et Pierre-Emerick Aubameyang. Collectivement, aussi, c’est une franche réussite. Les Reds soulèvent la Coupe aux Grandes Oreilles et terminent à la deuxième place en Premier League avec un total de points historique pour un dauphin. Un franc succès qui se poursuit depuis le début de saison et globalement Liverpool, comme Sadio Mané, sont inarrêtables sur l’année 2019. Ce dernier a d’ailleurs réalisé un joli parcours lors de la CAN 2019 allant jusqu’en finale avec le Sénégal mais devant s’incliner face à l’Algérie. Sur le plan statistique, comme sur le plan collectif, Mané réalise donc une année tout simplement exceptionnelle qui lui permet naturellement d’être sélectionné parmi les 30 finalistes du Ballon d’Or et de faire partie des favoris pour le titre. Une nomination à laquelle le joueur a rapidement réagi : « Honnêtement, ça a toujours été un rêve de gamin […] Ce serait exceptionnel pour moi de gagner ce Ballon d’Or. Ça a toujours été mon rêve et je serai fier de le réaliser. Je serais l’homme le plus heureux. ». Et si son rêve se réalise, il serait le premier joueur africain à remporter le Ballon d’Or depuis un certain George Weah en 1995. Autre moment gratifiant pour Mané lors de la remise du prix FIFA « The Best » remporté par Lionel Messi. L’international sénégalais n’était pas sélectionné parmi les trois finalistes, une anomalie pour certains. Mais ce qui a surtout touché le joueur des Reds c’est que la Pulga avait voté pour lui : « C’est un grand compliment quand Messi vote pour toi. Si vous regardez d’où je viens, ça montre que j’ai fait beaucoup de chemin. ». 

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Un parcours difficile, comme il le rappelle, qui lui a appris à rester humble mais surtout à être généreux avec les siens et ceux qui l’ont aidé à arriver à ce niveau-là. Rester simple, c’est son mode de vie : « Pourquoi voudrais-je 10 Ferrari, 20 montres et 2 avions ? J’ai eu faim, j’ai dû travailler sur le terrain, j’ai survécu aux guerres, joué au football pieds nus mais aujourd’hui avec ce que je gagne grâce au football, je peux aider mon peuple. En outre, je donne 70 euros par mois à toutes les personnes d’une région très pauvre du Sénégal ». Des mots forts suivis par des actes. Près de 280 000 euros de dons pour construire un lycée dans son village de Bambali qu’il est allé visiter à l’été 2019. Mané a également donné des fonds pour la construction d’un hôpital, aidé à l’achèvement d’une mosquée et d’un stade de foot mais aussi, 300 habitants de Bambali se sont vus offrir un maillot de Liverpool. A 27 ans, Mané n’a donc pas fini de faire le bonheur de ses proches. Que de chemin parcouru pour l’enfant de Bambali, contraint de fuguer pour réaliser ses rêves. 

Hugo Martin

Sadio Mané, d’enfant fugueur à star du ballon rond

Pep Guardiola : Entre amour et désamour

Adulé par certains, vivement critiqué par d’autres, Pep Guardiola ne laisse personne indifférent. Parti à la conquête de la Premier League il y a trois ans maintenant, il a mis tout le monde d’accord en remportant deux titres de champion d’Angleterre consécutifs, malgré une concurrence des plus féroces. Et pourtant, le technicien catalan suscite toujours autant d’interrogations, et son travail est systématiquement remis en cause. Zoom sur l’un des entraîneurs le plus populaire de sa génération.

Identité de jeu et progression des joueurs

S’il y a bien une chose que Pep Guardiola a systématiquement réussi, c’est imprimer sa vision du football aux équipes qu’il a entraînées. Un football offensif, spectaculaire, reposant sur des longues phases de possession afin de trouver le bon décalage, au bon moment. Un style de jeu auquel on a pas tardé à donner un petit surnom : le tiki-taka. De quoi agacer le concerné qui rejette avec véhémence cette appellation, qui n’a d’après lui rien à voir avec son style de jeu.

En effet, par définition, tiki-taka renvoie à un style de jeu basé sur une possession sans but précis. Or, dans l’esprit de Guardiola, le jeu de possesion de son équipe a un objectif particulier : marquer. Cela ne l’avait pas empêché, lors d’une rencontre de Ligue des Champions disputée face à Arsenal alors qu’il entraînait le Bayern Munich (2014), de dire à ses joueurs :

 

Pour une fois, je veux que vous fassiez exactement ce que je déteste le plus, ce que je vous ai dit être de la merde. Du tiki-taka. Je suis désolé, mais aujourd’hui, je veux que vous fassiez exactement cela, juste pour un moment. Passez le ballon sans but. Passez le ballon juste pour passer le ballon. Vous allez vous ennuyer et vous aurez l’impression que c’est un exercice inutile, mais il y a une raison. Nous voulons garder la balle et ennuyer Arsenal à mourir, les empêcher de nous prendre la balle. Ils finiront par se rendre compte que tout leur pressing est inutile parce qu’ils ne seront jamais à portée du ballon. Vous n’aurez pas besoin de moi pour vous dire quand passer à autre chose. Au bout de dix minutes, quand vous pourrez voir qu’ils sont à court d’essence, qu’ils s’ennuient et qu’ils perdent espoir, quand vous verrez qu’ils ne chassent plus la balle avec autant d’agressivité, messieurs, c’est à ce moment-là que je veux que vous commenciez le véritable match. C’est à ce moment-là que nous arrêtons le tiki-taka et commençons à jouer notre football.”


Sa plus grande réussite semble donc d’être parvenu à inculquer cette idéologie de jeu à Manchester City, dans un championnat historiquement réputé pour son aspect physique, souvent dominant sur l’aspect tactique. Si l’adaptation a mis un peu de temps, la première saison des SkyBlues étant pour le moins décevante, cela en valait finalement la peine. Depuis, les coéquipiers de Kévin De Bruyne, devenu une pièce maîtresse du système citizen, raflent tout sur la scène nationale. L’an passé, en plus du championnat, Guardiola et ses hommes ont également remporté le Community Shield, la League Cup ainsi que la Cup, venant étoffer encore un peu plus le palmarès du technicien catalan.

Si Pep Guardiola voue une fidélité sans faille à ses principes de jeu, cela ne l’a pas pour autant empêché de s’adapter selon certaines situations qu’il a traversées. En 2015, à l’occasion d’une demi-finale aller de Ligue des Champions disputée avec le Bayern sur la pelouse du Barça, il avait alors accepté de renoncer à son jeu de possession habituel, lui préférant une approche plus défensive. A l’arrivée, une défaite sur le score de 3 à 0, plutôt lourde au vu du match où les Munichois étaient parvenus à résister longtemps aux offensives adverses. 

L’autre grande force de Pep Guardiola réside dans sa capacité à faire progresser, parfois de manière fulgurante, ses joueurs. Une qualité qui doit très fortement jouer en sa faveur dans le vestiaire, et qui explique pourquoi celui-ci est toujours resté très impliqué. 

A Manchester, le tacticien espagnol a fait passé un cap à un joueur que beaucoup d’observateurs considéraient déjà comme ayant atteint son plafond de verre, à savoir Raheem Sterling. L’attaquant anglais est devenu un redoutable finisseur sous les ordres de son nouvel entraîneur, devenant un pion essentiel dans l’animation offensive des Citizens, et ce malgré une forte concurrence à son poste.

Quand il était en charge du Bayern, Pep Guardiola a notamment su tirer le meilleur de plusieurs joueurs, certains d’ailleurs devenus méconnaissables aujourd’hui. On pense notamment à Jérôme Boateng, un joueur qu’adorait Guardiola, et à qui il a confié une sorte de rôle de “quaterback” afin de casser les lignes adverses.

Le meilleur exemple reste sans aucun doute celui de Joshua Kimmich, arrivé en Bavière en 2015, en provenance de la Bundesliga.2. Comme le raconte le joueur dans The Players Tribune, c’est bien le technicien catalan qui a insisté pour qu’il rejoigne le Bayern Munich. La saison suivante, il n’hésitera d’ailleurs pas à donner du temps de jeu à un joueur alors méconnu des fans de l’Allianz Arena. 

Quatre ans plus tard, Joshua Kimmich est devenu indéboulonnable en club et en sélection, et il est d’ailleurs plus que probable de le voir, dans un futur proche, en porter le brassard de capitaine.

Echecs en LDC et syndrome de la comparaison

Si Pep Guardiola a toujours brillé avec ses équipes dans les compétitions disputées sur le sol national, on lui reproche en revanche d’avoir contre-performé trop souvent en Ligue des Champions.

C’est d’ailleurs l’argument qui revient souvent dans la bouche de ses détracteurs : il n’a jamais remporté la Ligue des Champions avec un autre club que le Barça. Lors de ses trois années passées sur le banc du Bayern, il se sera systématiquement heurté au stade des demi-finales, si l’on regarde le verre à moitié vide. 

Finalement, c’est surtout du côté de Manchester City que ce défaut rejaillit le plus, alors que Guardiola n’a disputé aucune demi-finale en trois ans. 

Mais alors, d’où provient le problème ? D’une idéologie de jeu incompatible avec la Ligue des Champions ? C’est ce que beaucoup d’observateurs considèrent, alors que l’infériorité numérique des Citizens en phase défensive a régulièrement été l’une des causes de leurs échecs dans la compétition.

Autant dire que l’ancien coach du Barça va être scruté de près à l’occasion de cette édition 2019-2020 de la Coupe aux grandes oreilles, dans laquelle City joue gros, car déjà distancé en Premier League par Liverpool.

Un autre facteur, extérieur cette fois, explique également pourquoi l’image de Pep Guardiola est si controversée. Il s’agit de ce besoin perpétuel, dans nos sociétés actuelles, d’avoir recours à des comparaisons afin de déterminer une hiérarchie, de déclarer qui est le meilleur, et qui est le moins bon. On le voit notamment à travers le duel Cristiano Ronaldo-Lionel Messi, systématiquement évoqué dans la sphère médiatique et sur les réseaux sociaux. Mais ce culte de la comparaison se retrouve également à l’échelle des tacticiens ; ainsi, depuis deux ans maintenant, on assiste à un nouveau duel créé de toutes pièces par les réseaux sociaux : Klopp VS Guardiola.

Forcément, cette configuration tend à motiver chacun à trouver des arguments afin de dévaloriser l’un par rapport à l’autre, ce qui explique ainsi pourquoi ces entraîneurs voient leur image transformée, car manipulée au quotidien par tous. 

Par exemple, depuis quelques mois, une nouvelle tendance contre Guardiola s’est diffusée sur Twitter, reprochant à l’entraîneur de Manchester City d’exagérer ses gestes et son coaching en présence des caméras.

Le symbole des dérives du jeu des comparaisons, dont les arguments finissent inéluctablement par sortir complètement du cadre du débat.

Paul Stefani

Pep Guardiola : Entre amour et désamour

Jack Grealish : le joyau de Villa Park

Capitaine d’Aston Villa depuis maintenant 8 mois, le milieu offensif anglais affiche des statistiques intéressantes en ce début de saison de Premier League. Focus sur un joueur qui pourrait rapidement faire les beaux jours de la sélection anglaise. 

Brassard au bras, numéro 10 dans le dos, Jack Grealish foule tous les week-ends les pelouses de Premier League avec son club de coeur. Formé au club, ce milieu offensif technique a moultes fois fait rugir les travées de Villa Park la saison dernière, en inscrivant 6 buts et en délivrant 6 passes décisives lors de la saison régulière de Championship, la deuxième division anglaise. 

Grand artisan de la remontée de son club en Premier League, il a également délivré 2 passes décisives lors des play-offs d’accession à la première division, en fin de saison dernière. Courtisé par plusieurs clubs de l’élite anglaise, il a fait le choix de rester fidèle au club qui lui a offert l’opportunité d’évoluer au plus haut niveau. Affichant un niveau et une régularité impressionnants depuis le début de saison, Jack Grealish a néanmoins été laissé de côté par le sélectionneur anglais Gareth Southgate, et ce malgré ses récentes performances.

Un dribbleur né

La qualité technique du milieu offensif est indéniable. Avec une moyenne d’1,9 dribbles par match depuis le début de saison, le natif de Birmingham provoque beaucoup ses adversaires, comme en témoignent ses statistiques de fautes subies par match, qui s’élèvent à 4 par rencontre. 

Souvent positionné côté gauche depuis le début de saison dans un dispositif en 4-3-3, Grealish évolue en faux-pied, ce qui lui permet de rentrer vers l’intérieur une fois le ballon reçu sur l’aile. Ce style de jeu, que beaucoup d’ailiers affectionnent (Eden Hazard, Lionel Messi, Mohamed Salah, Sadio Mané…) permet de créer des espaces sur l’aile pour le latéral qui apporte un soutien offensif, ou tout simplement de créer des occasions franches de but, puisque le joueur s’ouvre l’espace vers le but en repiquant dans l’axe.

Un repositionnement gagnant

Interrogé sur son tout récent repositionnement, le joueur anglais ne tarde pas à exprimer son contentement pour son nouveau rôle. “Je sais ce que j’apporte à l’équipe, je sais ce que je fais chaque match. C’est pour ça que l’entraîneur m’a positionné plus haut. Je ne joue pas réellement comme un ailier gauche, mais plus comme un numéro 10 avancé” déclarait Jack à Aston Villa TV. 

Un repositionnement qui rime avec une nouvelle approche tactique mise en place par Dean Smith. “Le coach voulait que Anwar (El Ghazi), Ginny (John McGinn) et moi soyons plus proches de Wesley. Si on veut tirer le meilleur de Wes, il faut qu’on soit proches de lui, pour lui permettre de jouer en remise et faire jouer ses partenaires. C’est pour ça qu’il a été aussi efficace à Norwich. C’est de cette façon que nous avons essayé de jouer ces derniers temps, et ça fonctionne.” Un capitaine qui connaît parfaitement les qualités de ses coéquipiers, ça n’a pas de prix. Son repositionnement sur l’aile gauche coïncide avec le retour des bons résultats pour les joueurs de Villa. Le club n’a perdu que 3 matchs sur les 7 disputés depuis le repositionnement de Jack Grealish sur l’aile gauche, dont une défaite face à Manchester City, actuel tenant du titre en PL, une face au champion d’Europe Liverpool, et une contre les Wolves, qui disputent la Ligue Europa. Pas de quoi s’inquiéter donc pour le club, qui a connu beaucoup de bouleversements lors du dernier mercato.

Une ambition sans faille

Adulé par les supporters d’Aston Villa, le milieu offensif de 24 ans donne tout pour son équipe. Après un transfert avorté, à l’été 2018, vers Tottenham, le joueur avait donné une interview pour le Birmingham Mail, où il tenait ces propos : “C’est mon club. J’ai toujours rêvé de jouer pour eux depuis que je suis gamin. (…) Tout ce dont je rêve, c’est de retrouver la Premier League, avec ce club.”
Voilà qui est maintenant chose faite, et désormais le capitaine des Villans a les yeux rivés vers la sélection anglaise. “Depuis que je joue en Premier League, je sens que mes performances s’améliorent match après match. Tout ce que je veux, c’est jouer avec la sélection Anglaise, et marquer autant de buts et délivrer autant de passes décisives que possible.” Le lion n’est donc jamais rassasié…

Hugo Kucharski

Jack Grealish : le joyau de Villa Park

Mauricio Pochettino : un départ forcé pour retrouver les sommets ?

Ce mardi 19 novembre, Tottenham a annoncé se séparer de son entraîneur Mauricio Pochettino. Une décision qui fait écho aux mauvais résultats à répétition du club londonien. 

Il fallait que ça arrive. Dans le dur en championnat, les Spurs de Tottenham ont décidé de se séparer de l’entraîneur qui les avait menés en finale de Ligue des Champions, Mauricio Pochettino. A 47 ans, le technicien argentin a donc terminé son aventure Londonienne, qu’il avait commencée en 2014. Après une réunion tendue entre le directeur sportif et le coach lundi, la tête de l’argentin est donc tombée. 

Une longévité qui force le respect

Dans une période où les coachs ont tendance à quitter leur poste rapidement en cas de mauvais résultats, le technicien argentin fait figure d’OVNI. En effet, il est resté en poste pendant 5 ans, ce qui semble énorme dans un football moderne où les entraîneurs sont en quête de stabilité. Dans les équipes du Big Six, il était le coach en poste depuis le plus longtemps à la tête de l’équipe première. 

Un milieu cruel donc, puisque le technicien argentin a tout de même amené son club en finale de Ligue des Champions la saison dernière, finale perdue contre le Liverpool de Jürgen Klopp. Plus que ça, l’entraîneur argentin a révolutionné l’équipe des Spurs, en révélant au grand jour de nombreux talents. Dele Alli, qu’il est allé chercher à MK Dons ; Harry Winks, formé au club et lancé par le Pochettino ; Heung-Min Son, acheté à Lervekusen en 2015 ; Eric Dier, acheté au Sporting Portugal en 2014… Tant de joueurs désormais titulaires chez les Spurs de Tottenham.

Une philosophie efficace

A l’issue de la saison 2013/2014 de Premier League, les Spurs terminent 6e de Premier League. Sherwood avait assuré l’intérim d’André Villas-Boas, après l’éviction de ce dernier en décembre 2013. Pour un nouveau départ, la direction des Spurs porte son choix sur Mauricio Pochettino, qui sort d’une saison réussie à Southampton. 

Et pendant les 5 années à venir, l’entraîneur visera sur la stabilité. Pas de sommes mirobolantes dépensées sur le marché des transferts, place à la formation, et le recrutement intelligent. Ainsi, l’entraîneur ira chercher des joueurs tels que Kieran Trippier, Moussa Sissoko, Victor Wanyama, Davinson Sanchez, Toby Alderweireld… 

Puis, pendant 18 mois, plus rien. Pas de recrutements. Le coach argentin mise alors sur un groupe soudé, où les joueurs sont capables de faire les efforts pour l’équipe. Basé sur un fort pressing, la philosophie de Pochettino portera ses fruits. Une première finale de Ligue des Champions de l’histoire du club la saison dernière, une deuxième place de Premier League lors de la saison 2016/2017, en battant le record de points du club dans l’élite (86), et quatre qualifications en Champion’s League d’affilée. Un excellent bilan, mais malheureusement de nos jours, tout va trop vite dans le football…

Mourinho débarque

Le club n’a pourtant pas tardé à trouver le remplaçant de l’entraîneur des Spurs. Le lendemain de l’annonce de l’éviction de l’entraîneur argentin, Daniel Lévy annonce l’arrivée du Special One, José Mourinho, jusqu’en 2023. Une signature qui ne fait pas l’unanimité chez les supporters de Tottenham. Passé par Chelsea et Manchester United, le coach portugais possède une philosophie de jeu bien différente de celle de l’argentin. Pochettino, à l’image du jeu de Guardiola ou de Klopp, aime attaquer, et a réussi à prouver que c’était la clé du succès lors de ces dernières saisons. 

De son côté, Mourinho, depuis 2017, préfère attendre patiemment que les occasions se présentent. Son bloc défensif absorbe la pression et accepte de subir, pour jouer tous les coups possibles en contre-attaque. Une philosophie de jeu qui ne fait pas l’unanimité chez les supporters des Spurs, tant le changement entre les deux coachs risque d’être brutale.

Quel avenir pour Pochettino ?

S’il y a bien une question qui taraude la planète foot en ce moment, c’est bien celle-là. Où va rebondir Mauricio Pochettino ? Plusieurs pistes sont plausibles, mais commençons par celles à écarter.
Après un passage chez les Spurs, très peu de chances que le technicien argentin ne rebondisse chez les éternels rivaux d’Arsenal, malgré la situation plus que compliquée d’Unai Emery ces derniers temps. Difficile également de le voir au Barça, lui qui a à plusieurs reprises déclaré son amour pour l’Espanyol Barcelone, qu’il a entraîné entre 2009 et 2012. 

Reste donc plusieurs possibilités. Tout d’abord, le Bayern Münich. Après la débauche de Niko Kovacs, Hans-Dieter Flick assure l’intérim sur le banc Bavarois. Avant une probable arrivée d’Erik Ten Hag ? Rien n’est désormais sûr, puisque le coach argentin reste encore sur le marché. Autre destination envisageable : le Real Madrid. Même s’il y a du mieux du côté de la Maison Blanche, tout va très vite dans le football, et une mauvaise série de Zidane pourrait ouvrir la porte à Pochettino. Ensuite, il ne faut pas négliger la piste Manchester United, car Ole Gunnar Solskjaer continue d’enchaîner les résultats décevants sur le banc Mancunien. 

Et enfin, la piste qui enflamme les réseaux sociaux : Paris. Ancien joueur de la capitale Française entre 2001 et 2003, la rumeur enfle. Malgré tout, difficile de voir Thomas Tuchel être viré, à moins d’un nouvel échec européen cette saison. Néanmoins, encore une fois, tout va très vite dans le football. Malgré tout, le coach argentin reste une des pistes les plus probables en cas de départ de l’entraîneur allemand. 

 

Si pendant des années les dirigeants des Spurs ont misé sur la durée, leur philosophie a désormais changé. En quête de résultats, les joueurs de Tottenham se déplacent ce samedi à 13h30 sur la pelouse de West Ham, pour un énième derby londonien, pour la première sur le banc de Mourinho. L’occasion de voir si ce choix sera payant ou non…

Mauricio Pochettino : un départ forcé pour retrouver les sommets ?