Le 18 juin dernier, la liste des 37 joueurs convoqués afin de préparer la Coupe du Monde a été révélé par Jacques Brunel. Celle-ci était composée d’un groupe de 31 ainsi que de 6 réservistes.
🇫🇷 Voici les 37 joueurs retenus pour la préparation de la Coupe du Monde 2019 au Japon ! Il est composé d'un premier groupe de 31 joueurs et de 6 suppléants ! rencontre gratuites belgique #RWC2019 #NeFaisonsXV pic.twitter.com/FeJWbSUmDS
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Au terme ses deux premiers matchs amicaux sur les trois prévus, la France affiche alors un bilan d’une victoire (27-10) pour une défaite (17-14) contre l’Ecosse.
A l’aube du dernier match de préparation des Bleus avant de s’envoler vers leur camp de base au Japon, l’annonce de la composition face à l’Italie a provoqué un début de remous dont le rugby français. Actuellement en recherche de soutien populaire, se serait bien passé, écornant au passage les célèbres valeurs de l’Ovalie.
En effet, le sélectionneur s’était exprimé durant la préparation affirmant aux joueurs qu’ils auraient tous leur chance au cours de celle-ci, logiquement les concernés qui n’ont pas pris part aux deux premiers tests se verraient alors intégrer la feuille pour le derby transalpin prévu un peu moins d’une semaine plus tard au Stade de France.
Mais des 3 joueurs disponibles n’ayant pas encore foulé les pelouses arborés de la tunique frappée du Coq durant la préparation. Seul Virimi Vakatawa, arrivé afin de suppléer le forfait, du meilleur ami de Fabien Galthié, Geoffrey Doumayrou, aura la chance de s’exprimer dans une enceinte Dionysienne au nouveau record d’affluence. Anthony Belleau et Vincent Rattez, quant à eux, partant réservistes au départ, devront se contenter du costard en tribune pour la troisième fois consécutive.
A noter que ces fils spirituels de Loïc Jacquet n’ont pas été les seuls à n’avoir disputé aucun match, Maxime Machenaud (blessé), Demba Bamba (blessé) et Bernard Le Roux (suspendu) complétant ce quintet.
Malgré le Mea Culpa public du sélectionneur, plusieurs figures du rugby français se sont exprimés à ce sujet. A commencer par certains joueurs, ce qui est notamment le cas d’Arthur Iturria qui n’a pas manqué de préciser que les deux oubliés (ou placardisés, à vous de juger) du groupe France n’avaient rien à envier aux restes de leurs coéquipiers concernant les tests et les aptitudes physiques. Sofiane Guitoune s’était lui exprimé un peu plus tôt dans la semaine, louant leur implication au cours de ce stage de préparation mais également faisant part de la déception des non-retenus.
- Le capitanat de Guirado
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- Les choix en troisième ligne
- Iturria
- La préparation pour rien de Rattez et Belleau
- Paul Gabrillagues
- Les 31
Brunel s'explique 👇
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💬 Iturria : "Rattez et Belleau affichent de meilleurs tests physiques que beaucoup. Et ça c’est dur" #rugby rencontre gratuites belgique https://t.co/UifHa4EsjP via @acturugbyfrance
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L’occasion également de profiter d’une sortie médiatique du président toulonnais Mourad Boudjellal, concerné par la situation de son jeune ouvreur de 22 ans, afin d’interroger la gestion des hommes du staff du XV de France, ne manquant pas de passer le bonjour à son ancien entraîneur Fabien Galthié, adjoint de Brunel et futur sélectionneur du XV de France, au passage.
Mais qu’en est-il des deux intéressés ?
Concernant Anthony Belleau, il a demandé à Jacques Brunel des explications concernant sa situation et cet imbroglio. Remonté le Toulonnais a précisé qu’il était resté à Marcoussis (tout comme le Rochelais Rattez) la semaine avant le match contre l’Italie afin de conserver ses chances et de montrer sa disponibilité en cas de forfait d’autres joueurs au cours de la compétition mais qu’il le faisait pour les copains avec lesquels il a vécu une préparation intense et non pour les membres du staff.
Rugby - XV de France : L’énorme coup de gueule d’Anthony Belleau sur la liste de Brunel ! https://t.co/MCZMiEUgNw pic.twitter.com/pcs8k4auMh
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Vincent Rattez, a lui fait part de sa déception de manière humoristique sur les réseaux sociaux en nous montrant son habileté smartphone en main à défaut d’avoir pu le faire avec la gonfle sur le pré :
Mais se trouve-t-on pour autant seulement en présence d’une grossière erreur de communication qui a mis le projecteur sur une situation courante, ou bien est-ce nouveau de laisser de côté des joueurs, prenant part à la préparation, sans qu’ils aient la chance disputer le moindre match durant cette période pour le XV de France ?
Pour pouvoir répondre à cette question, de légers flashbacks sur les trois dernières éditions s’imposent car en effet, tous les 4 ans, plusieurs joueurs doivent faire face à une sortie prématurée du Groupe France pour vivre la Coupe du Monde dans leur Club-House respectifs, mais ces « premiers supporters des Bleus » avaient-ils tous pour autant participé aux matchs de préparations ?
Commençons par un retour en 2015, doux souvenir où hésiter entre la bière et le café au réveil était légitime et perdre contre l’Ecosse un cas de figure de plus en plus acceptable. Phillipe Saint-André convoque alors 36 joueurs, un cut de 5 joueurs est donc à prévoir, dans ces 5 chanceux qui sont repartis avec leurs Wattbike on retrouve :
Tous avaient pris part à la défaite 19-14 en Angleterre le 15 août, pour le premier match de prépa et aucun d’entre eux n’avaient alignés par la suite pour la revanche victorieuse face à ces mêmes anglais (25-20) ainsi que contre l’Ecosse (19-16). Bons baisers de Twickenham.
Remontons ensuite à 2011, où Marc Lièvremont, sélectionneur adulé mais finaliste, appelle 32 joueurs, parmi lesquels figurent des surprises (à la trappe Chabal et Jauzion, bonjour Lakafia et Estabanez) mais aussi des blessés, l’un des joueurs sortant sera d’ailleurs le seul de ces derniers qui n’aura pas réussi sa course contre la montre en la personne du pilier Thomas Domingo, qui n’aura donc pas pu postuler à une place pour les matchs de préparation.
Au contraire de Sylvain Marconnet, autre évincé de première ligne dont les 55 minutes de jeu dans la joute aller victorieuse face aux irlandais (19-12) à Chaban-Delmas n’auront pas suffi pour convaincre le sélectionneur, mais vous aurez l’occasion de retrouver ce joueur sous peu.
Place à 2007 pour finir, la Coupe du Monde se déroule alors en France et le public français découvre le “Rugueuby” commenté par le regretté Thierry Gilardi. Ce sera également l’année de sortie du meilleur jeu de rugby sur console de tous les temps dans lequel les meilleurs d’entre nous ont soulevé le trophée Web Ellis avec la Namibie.
Mais comme pour chaque Coupe du Monde, tous les joueurs appelés pour la préparation n’auront pas l’occasion de participer à cette fête. Bernard Laporte, encore seulement sélectionneur mais déjà porté sur les soufflantes, annoncent de manière assez précoce, directement un groupe de 30 joueurs dès le 14 juin 2007 soit 4 jours avant la finale du Top 14.
Celui-ci va être amené à évoluer au gré des blessures dont seront victimes Elvis Vermeulen (dos) durant cette finale et Sylvain Marconnet, décidément, qui ne se remettra pas de sa fracture du tibia suite à une chute en ski au mois de mars et d’ une fracture de fatigue à la mi-août lors de sa rééducation. Ils seront remplacés respectivement par Thierry Dusautoir, qui saura se saisir de l’opportunité pour devenir le « Black Destroyer » lors d’un certain Quart de Finale aux 27 placages, et Nicolas Mas, aussi surnommé le « Bus » pour ses cadrages débordement et ses aptitudes en mêlée fermée.
Au vue de ses informations, le “Placard Gate” de 2019 fait figure d’exception dans les habitudes de préparation du XV de France en période pré – Coupe du Monde depuis 2007, que les joueurs soient réservistes ou non.
En souhaitant un bon retour aux deux joueurs dans leur club respectifs, ces derniers pouvant difficilement leur reprocher de manquer de forme malgré deux mois sans match officiel.
Romaric Zurczak