Süper Lig

Le Derby Intercontinental, rivalité éternelle

Plus grande rivalité du football turc, le premier affrontement entre Galatasaray et Fenerbahçe a eu lieu en 1909, il y a 110 ans. Un derby au reflet même de la Turquie.

Comme dans beaucoup de pays, le football a été importé en Turquie par les Anglais, à la fin du XIXème siècle. Et le premier affrontement, nommé Kıtalararası Derbi (Derby Intercontinental) a eu lieu le 17 janvier 1909 et a vu une victoire de Galatasaray 2-0. Il aura fallu attendre le 9ème match pour voir Fenerbahçe s’imposer, après 8 défaites consécutives. Mais à l’époque, il ne s’agissait pas encore de la grande rivalité comme nous la connaissons aujourd’hui. Ce n’est que dans les années 30 que les deux clubs vont devenir rivaux. Avant ça, ils ont un objectif commun : la reconstruction de l’identité nationale au lendemain de la chute de l’empire ottoman.

Le Galatasaray Spor Kulübü a été créé en octobre 1905 par Ali Sami Yen et d’autres étudiants du Lycée de Galatasaray, un lycée français réputé d’Istanbul. Le Fenerbahçe Spor Kulübü a été lui créé en mai 1907 dans le quartier de Kadikoy par Ziya Songülen, Ayetullah Bey, et Necip Okaner. Deux clubs situés de part et d’autre du Bosphore, qui sépare la ville d’Istanbul entre Europe, pour le Galatasaray, et Asie, pour le Fenerbahçe. Ce qui fait que cette rivalité n’oppose pas seulement deux clubs ennemis, mais aussi deux continents. Les Lions de Galatasary représentent l’Europe, l’Occident, une Turquie aisée, tandis que le Fener représente une Turquie plus « traditionnelle », l’Asie, le peuple. Une distinction sociale bien moins visible aujourd’hui.

Une grande rivalité sportive

Plus encore qu’un côté historique, cette rivalité est également sportive. Galatasaray et Fenerbahçe sont les deux plus grands clubs turcs. Sur le plan national, ils comptent respectivement 22 et 19 titres de champions. 41 titres à eux deux, sur les 63 saisons du championnat professionnel turc, soit 65% des titres nationaux répartis entre les deux rivaux. Avantage entre les deux pour Galatasaray donc, avec trois titres de plus, mais aussi 18 Coupes de Turquie contre 6, et surtout la Coupe UEFA (l’ancêtre de l’Europa League) et la Supercoupe d’Europe en 2000. Il s’agit des seuls titres remportés par un club turc à l’échelle européenne, et un grand succès, surtout face à des adversaires comme Arsenal et le Real Madrid. Mais lorsqu’il s’agit des duels entre les deux équipes, la tendance s’inverse. Sur les 390 affrontements à ce jour, 146 rencontres ont étés à l’avantage des Canaris du Fenerbahçe, contre 123 pour Galatasaray. « Pour un sympathisant de Fenerbahçe, perdre contre Galatasaray c’est un très grand malheur. Il souhaiterait mourir plutôt que de perdre contre Galatasaray. » racontait Kamel Belgin, un ancien joueur de Fenerbahçe. Et donc, malgré moins de succès au niveau des trophées, cette domination du Derby Intercontinental représente une fierté pour les supporters du Fener. 

La guerre du Bosphore

Mais Fenerbahçe-Galatasaray, c’est aussi et surtout connu aux yeux du monde comme un spectacle dans les tribunes, mais aussi en dehors. Le derby est le match le plus important de l’année en Turquie, que cela soit à Istanbul ou ailleurs. Les deux clubs étant les plus suivis dans le pays, chaque affrontement donnent lieu à des tensions entre supporters. Le 12 mai 2013, les deux clubs s’affrontaient au stade Şükrü Saracoğlu, l’enceinte de Fenerbahçe. Après la rencontre et la victoire du Fener 2-1, un fan des Canaris, Burak Yildirim, 19 ans, est poignardé à mort par des hooligans de Galatasaray. Un accès de violence qui ne doit pas faire oublier que la grande majorité des supporters des deux équipes sont dans le respect et le spectacle dans les tribunes. La guerre est également sur le terrain entre les deux rivaux. En 1934, une rencontre dû être a arrêtée plusieurs fois à cause de nombreuses fautes. L’arbitre a arrêté le match car joueurs des deux camps s’affrontaient sur la pelouse.

En 1996 eu lieu l’un des moments les plus iconiques du Derby Intercontinental. Alors que Fenerbahçe lutte avec Trabzonspor pour le titre, Galatasaray luttait pour une qualification pour l’Europe. Les deux clubs se retrouvèrent en finale de la Coupe de Turquie, et une victoire du Fener semblait évidente. A la surprise générale, les Lions s’imposèrent à l’aller 1-0 sur un penalty de Dean Saunders. Le match retour se jouait dans une atmosphère électrique sur le terrain du Fener. Après 90 minutes, les locaux menaient 1-0 mais dans le temps additionnel, ce même Saunders égalisait pour donner la Coupe de Turquie à Galatasaray. Le manager écossais Graeme Souness, qui ne sera resté qu’an à Galatasaray, prit un drapeau géant du club pour le planter au centre du terrain, ce qui provoqua de nombreux affrontements, notamment de la part des supporters du Fenerbahçe, choqués de cette provocation.

Une rivalité pas comme les autres donc. Le genre de match qui peut créer des embrouilles au sein d’une famille. Mais plus que du football, une rivalité entre deux clubs multisports. Mais si Galatasaray domine son rival sur le rectangle vert, il est inexistant en comparaison d’un Fenerbahçe qui fait partie des meilleurs clubs européens dans d’autres sports, notamment le basket. Une rivalité ancienne, éternelle et qui est partie pour durer. 

Elioth Salmon

Le Derby Intercontinental, rivalité éternelle

Süper Lig : 4 fantastiques d’Istanbul pour un titre

Le championnat turc est l’un des plus indécis d’Europe. Les trois club stambouliotes du Galatasaray, Fenerbahce et Besiktas dominent la compétition depuis plus d’une trentaine d’années sans qu’un leader se dégage pour autant. Pourtant, un nouveau favori, ou gros outsider pourrait entrer dans la danse : le Basaksehir, lui aussi originaire d’Istanbul.

La football turc évoque souvent en France trois points. Le premier est celui d’un championnat de vieux routards passés par les plus grands clubs européens et, souvent, en fin de carrière. Ensuite, viennent les ambiances de feu qui habitent les stades comme par exemple lors du derby Fenerbahce – Galatasaray. Enfin, il s’agit d’une compétition où tout peut se produire, tant qu’un club stambouliote s’impose à la fin. Comme preuve de l’indécision de la Süper Lig, il est possible de mettre en avant la 6ème place, à 23 points du champion, du Fenerbahce lors de la dernière saison. Pour autant, le double tenant du titre, Galatasaray, part encore en léger favori. Cependant il faudra regarder dans le rétroviseur pour les « Cimbom » puisque la concurrence est à l’affut du moindre faux pas.

Galatasaray pour le triplé, le Besiktas en embuscade

Comme dit précédemment, le champion 2018/2019 semble le mieux armé à sa propre succession. Si Onyekuru, désormais à Monaco, et Ndiaye ont quitté le club à la fin de leurs prêts, Galatasaray a finalisé Luyindama en provenance du Standard de Liège pour 5 millions d’euros. Durmaz et Babel sont arrivés libres. Séri et Mor complètent par ailleurs un effectif amputé de Fernando, parti à Seville. Les tauliers Belhanda, Muslera ou Feghouli sont toujours au club. Sous la houlette de Fatih Terim, les « Cimbom » comptent se reposer sur une recette qui a fonctionné depuis déjà deux saisons. La victoire en Supercoupe de Turquie a d’ailleurs laissé entrevoir une solidité défensive qui a parfois fait défaut à l’équipe l’an dernier. Niveau offensif, elle dispose du meilleur buteur de la saison passé, Mbaye Diagne, qui devra cependant se remettre d’une CAN où il a atteint la finale avec le Sénégal. En attendant Radamel Falcao ?

Comme principaux rivaux, le Besiktas veut retrouver les sommets… et la Ligue des Champions qui les fuit depuis deux ans. A chaque fois à 4 petits points du titre en 2017/2018 et en 2018/2019, les « aigles noirs » disposent d’un groupe stable renforcé par Rebocho, Victor Ruiz. Ljajic est définitivement resté au club après son prêt de l’an dernier. La plus grande inconnue reste le nouveau coach, Abdullah Avci, qui succède à Senol Günes, parti remettre sur pied la sélection nationale turque. Reste à voir si le club arrivera à gommer ses errances défensive.

Un nouveau départ pour Fenerbahce, s’affirmer comme un grand pour Basaksehir

Pour Fenerbahce, l’objectif est d’oublier la triste 6eme place obtenu à la fin du championnat passé. Pour cela, un grand ménage a été effectué. Exit les Valbuena, Skrtel, Neustädter et Soldado. André Ayew, Benzia et Slimani sont rentrés de leurs prêts. L’objectif est de faire la part belle aux jeunes. Pour autant, cela se fera sans la pépite macédonienne Elmas, qui a rejoint Naples pour 16 millions d’euros. Encadré par des Kruse, Victor Moses et Arslan, il faudra relancer une attaque à la peine l’an dernier (8ème du championnat).

Concernant le Basaksehir, la deuxième division semble loin. Pourtant, le club n’est remonté qu’en 2014 dans l’élite turque. Depuis, il s’est installé sur le podium durant les deux saisons précédentes. Cependant ce championnat part sur de nouvelles bases. Un nouveau coach Okan Buruk, des recrues revanchardes (Crivelli, Behich), cette formation a un peu mutée. Pour autant les fondations restent solides autour de Visca et Günok. Les membres d’expérience (Turan, Ba ou Robinho) devraient également avoir rôle à jouer pour permettre au Basaksehir de franchir un cap.

Le joueur à suivre : Jean Mickaël Séri (Galatasaray)

Il y a deux saisons, on parlait de l’Ivoirien au FC Barcelone. Malheureusement cela a été plutôt une descente aux enfers. A Fulham, le joueur est descendu en Championship après une année sans saveur. Mais il reste encore le temps au joueur pour briller. Il peut faire merveille avec la pléiade de joueurs offensifs de qualité que possède Galatasaray (Diagne, Belhanda, Babel, Mor, …).

Jérémy Guiraud

Süper Lig : 4 fantastiques d’Istanbul pour un titre