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L’imbroglio autour du supporterisme en France

Cette année s’annonce très compliquée dans les tribunes des enceintes françaises. Entre interdictions de stade, chants homophobes et débats autour de l’alcool, la situation se complexifie. Les différents acteurs, avec en tête la LFP et les groupes de supporters, ne parviennent pas à s’entendre, voire même à se comprendre.

Depuis plusieurs saisons en France, les interdictions de stade se multiplient. Un constat qui s’est généralisé après le mouvement des « Gilets jaunes ». La grogne des groupes de supporters a, petit à petit, commencé à se faire ressentir et à prendre de l’ampleur. Pour se défendre, ils se sont alors tournés vers la provocation avec des propos, n’hésitant pas à se tourner vers des propos injurieux et homophobes. Additionné à cela se rajoute le débat autour de l’alcool dans les stades qui n’est toujours pas clos après plusieurs mois d’études visant à assouplir la « loi Evin ». 

Tout le monde a raison, et tout le monde a tort ?

D’un côté, la ligue a peur du comportement des supporters. Parfois justifié, parfois démesuré, ce sentiment provoque de la méfiance sur la plupart des affiches entre deux équipes disposant d’un minimum de rivalité. « On a commencé à nous priver de stade à l’extérieur pour des raisons peu croyables, explique Philippe, membre des Magic Fans de Saint-Etienne. Il nous fallait répondre, et le moyen de s’exprimer des supporters, c’est de se faire entendre dans un stade ». Les clubs eux-mêmes prennent parfois la défense de leurs afficionados. Ce fut le cas de Nice, au début de saison, après un arrêté préfectoral interdisant les fans aiglons à se rendre à Nîmes et, au-delà, les empêchant de quitter les Alpes-Maritimes. L’OGC a alors réagit en précisant que « la colère vient s’ajouter au mécontentement. […] Nous prenons également acte de ces mesures tout en déplorant une décision injuste prise, main dans la main, par l’ensemble des autorités, qui utilisent avec excès leur pouvoir pour pénaliser les supporters en général et les Niçois en particulier, au détriment de tous les efforts effectués par le club et ces derniers pour organiser le déplacement dans des conditions optimales ».

Mais, la ligue restant opposée au dialogue, les tifosi ont donc décidé d’utiliser une polémique naissante pour être écoutés.

L’homophobie prétexte pour faire réagir

Depuis qu’un premier match de Ligue 2 a été arrêté vendredi 16 Août, et les réactions de la LFP et du ministère des sports en faveur des nouvelles mesures prises par les arbitres, les supporters ont trouvé la blessure sur laquelle ils pouvaient faire pression. Les banderoles et chants homophobes fleurissent désormais dans les enceintes françaises. La ministre des sports Roxana Maracineanu a tiré un bilan de la situation : « je vois les manifestations de supporters par le biais des banderoles comme une envie de prendre la parole et d’exprimer leur point de vue. Je les ai entendu dire qu’ils n’étaient pas homophobes, je n’ai jamais dit qu’ils étaient homophobes, personne ne l’a dit d’ailleurs ». Pour éclaircir cet imbroglio, la ministre a affirmé qu’une rencontre entre la Ligue de Football Professionnel et les groupes de fans se tiendra 10 septembre. « On va pouvoir, en continuant à être intransigeant sur la sécurité et la protection des citoyens, discuter avec les supporters, écouter les propositions qu’ils ont à faire et voir comment responsabiliser tous les acteurs pour qu’on puisse aborder cette question », poursuit-elle. L’occasion de mettre un terme à la plupart des débats, de l’alcool à l’homophobie.

Jérémy Guiraud

L’imbroglio autour du supporterisme en France